Vous devez faire face à une réquisition judiciaire et vous vous demandez ce que prévoit exactement l’article 60-1 du Code de procédure pénale ? Vous cherchez à comprendre vos obligations et les limites de ce texte de loi ?
Vous n’êtes pas seul dans cette situation. Cet article du CPP suscite de nombreuses questions, notamment depuis sa modification en 2014 qui a élargi son champ d’application aux données numériques.
Dans les lignes qui suivent, vous allez découvrir tout ce qu’il faut savoir sur cette disposition légale : qui peut réquisitionner, quelles informations peuvent être demandées, et surtout quelles sont vos protections en tant que professionnel.
Qu’est-ce que l’article 60-1 du Code de procédure pénale ?
L’article 60-1 du CPP autorise le procureur de la République, les officiers de police judiciaire et certains agents de police judiciaire à réquisitionner des informations par tout moyen. Cette disposition s’applique à toute personne, tout établissement ou toute administration susceptible de détenir des éléments utiles à une enquête.
Le texte précise que ces réquisitions judiciaires peuvent porter sur des informations détenues, y compris celles issues de systèmes informatiques. Cette précision n’est pas anodine : elle résulte de la loi n°2014-1353 du 13 novembre 2014 qui a modernisé le Code de procédure pénale pour l’adapter à l’ère numérique.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le secret professionnel ne peut pas être opposé systématiquement à ces réquisitions. Toutefois, des exceptions importantes existent, notamment pour les personnes visées aux articles 56-1 et suivants du CPP. Pour ces professions protégées, la remise des informations n’intervient qu’avec leur accord explicite.
| Qui peut réquisitionner ? | Sanction en cas de refus |
|---|---|
| Procureur de la République Officiers de police judiciaire Agents de police judiciaire (certaines catégories) |
Amende de 3 750 € (sauf exceptions légales) |
Portée et limites des réquisitions numériques
La modification de 2014 a remplacé le terme ‘documents’ par ‘informations‘ pour tenir compte de l’évolution technologique. Cette évolution vise principalement la remise de documents et données informatiques, sans pour autant créer une obligation générale de révéler d’autres types d’informations.
Les débats sénatoriaux d’octobre 2014 ont d’ailleurs clarifié cette question : l’objectif n’était pas d’élargir démesurément les pouvoirs d’enquête, mais d’adapter les textes aux réalités du monde numérique. Un procès-verbal en droit français peut ainsi mentionner la saisie de données informatiques au même titre que des documents physiques.
Cette précision est cruciale car elle dissipe les confusions nées du changement terminologique. L’article 60-1 CPP ne transforme pas les citoyens ou les professionnels en informateurs obligés au-delà de la remise des éléments matériels qu’ils détiennent.
Protection du secret professionnel et de la liberté de la presse
Le législateur a maintenu des garde-fous importants. Les personnes soumises au secret professionnel conservent leurs protections, et les éléments obtenus en violation de l’article 2 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse sont frappés de nullité.
Cette nullité constitue une protection essentielle pour préserver l’équilibre entre l’efficacité de l’enquête judiciaire et le respect des libertés fondamentales. Elle rappelle que même dans le cadre de la lutte contre la cybercriminalité ou le terrorisme, certaines limites ne peuvent être franchies.
Conséquences pratiques et recommandations
Si vous recevez une réquisition au titre de l’article 60-1 CPP, plusieurs situations peuvent se présenter selon votre statut professionnel. Les avocats, médecins, journalistes et autres professionnels protégés par le secret peuvent invoquer des motifs légitimes de refus, mais cette protection n’est pas absolue.
Pour les autres professionnels et particuliers, le principe est celui de la coopération obligatoire avec la justice. Le refus de transmission sans motif légitime expose à l’amende de 3 750 euros prévue par le texte.
Dans la pratique, il convient de vérifier plusieurs éléments avant de répondre à une réquisition :
- La qualité du requérant (procureur, OPJ autorisé)
- La précision de la demande et sa proportionnalité
- L’existence éventuelle d’un motif légitime d’opposition
- Le respect des formalités légales
Les professionnels concernés ont souvent intérêt à consulter leur ordre professionnel ou un conseil juridique avant de répondre, notamment lorsque la réquisition concerne des données sensibles ou couvertes par le secret.
Évolutions récentes et jurisprudence
L’application de l’article 60-1 CPP continue d’évoluer avec la jurisprudence et les pratiques des parquets. Les tribunaux sont régulièrement saisis de questions relatives à l’équilibre entre les besoins de l’enquête et la protection des droits fondamentaux.
Cette évolution constante rend d’autant plus nécessaire une approche prudente et documentée face aux réquisitions. La conservation des preuves de transmission et des éventuels refus motivés constitue une précaution indispensable pour se prémunir contre d’éventuelles sanctions.




